Parenthèse : Instagram, la joie fantôme

Parenthèse : Instagram, la joie fantôme

[Bien que je vous raconte depuis plusieurs semaines ma transformation spirituelle dans mes articles « le passage » je souhaitais faire une pause pour vous parler d’un hors sujet que, néanmoins, je pense pertinent. Bonne lecture à vous]

Au moment où je vous écris, nous arrivons au terme du mois de Janvier. Je viens tout juste de retourner mon téléphone par agacement. Je suis allée sur Instagram. J’ai lu un énième  post qui m’a exaspéré. Je regrette de ressentir cela car je suis en train de commencer à écrire un nouveau texte. Je n’ai pas envie de ressentir cette émotion. Pourtant, j’ai décidé d’en faire quelque chose, de ne pas en rester là. C’est ce que je vais vous expliquer car c’est un sujet qui tourne dans ma tête depuis un certain temps et qui prend de plus en plus de place, comme pour me faire comprendre que c’est maintenant qu’il faut que je me lance, avant que je sois distraite par quelque chose qui me détournera de mon objectif.

Les réseaux sociaux

Vous souvenez-vous des premières années d’Instagram ?  En ce qui me concerne j’ai commencé à aller sur cette application en 2016, donc bien après sa création. Comme vous, j’ai d’abord utilisé Facebook et d’une façon régulière. C’était une habitude qui me plaisait, mais déjà à cette époque le réseau dit “social” me prenait trop de temps et trop d’énergie. Le but de Facebook est de pouvoir créer et resserrer des liens entre les personnes, échanger, partager, mais surtout, de s’exprimer. Je suis de la génération qui a grandi avec l’expansion de la communication par internet et sincèrement, même si aujourd’hui ma vision de chose à évolué, je ne regrette pas d’avoir été là pour le vivre. Je me souviens par exemple, à quel point j’aimais utiliser skyblog entre 2005 et 2007. Aujourd’hui j’ai bien envie de m’arracher les cheveux quand je retombe sur ce tout premier réseau social (on peut le considérer comme tel), car il a figé et archivé tant de blessures de l’adolescence que j’ai la sensation d’avoir remit le nez dans mon propre journal intime de mes 15 ans. Au secours !

Malgré tout, que ce soit skyblog ou Facebook, nous nous épanouissions à travers ces outils qui nous encourageaient à nous exprimer et d’une façon plus libre que si nous étions au milieu d’un groupe de personnes. Dans mon cas cela a été bénéfique, car j’ai longtemps manqué de confiance en moi et n’arrivait pas à communiquer par le biais de la parole, avec assurance. Facebook m’a donné le courage de m’ouvrir aux autres et de partager mon univers, notamment grâce à la photographie en publiant mes clichés, mais aussi avec beaucoup plus de patience, mes pensées, mes poèmes, mes réflexions plus philosophiques (probablement de comptoir mais peu importe). Pour moi il est clair que cela m’a aidé à être la personne que je suis aujourd’hui, c’est-à -dire une personne qui incarne ce qu’elle est dans son coeur et dans son âme, balayant autant que faire se peut, les poussières des années où je me bridais. 

En outre, nos aînés qui ne manquaient pas de voix n’ont pour autant pas eu la chance de s’exprimer aussi facilement que nous. Les écrans qui nous séparent des liens physiques leur donnaient l’impression que ce que nous écrivions n’avait pas d’intérêt. Mais depuis quelques années, ils ont revu leur manière de penser puisque eux aussi, sont sur les réseaux sociaux. 

Facebook est aujourd’hui un mégaphone très utilisé par la génération “X” tandis que la génération “Y” s’est lassée de l’ennui et du manque d’intérêt que leur donnait ce réseau social. Alors nous les Y, sommes allés sur Instagram. Comme je vous le disais plus haut, j’ai créé mon compte Instagram en 2016, juste après ma dernière exposition photographique. Mon intention était de faire durer la promotion de mes travaux car, à l’époque, on disait que l’application offrait aux artistes une meilleure visibilité. 

Je m’y prenais comme un manche et cela ne m’a pas été si bénéfique que ça, du moins cela a pris un certain temps. Tous mes clichés artistiques (ceux de mes plus gros thèmes) n’ont presque pas été vus. J’ai mis du temps à m’épanouir sur l’application car je ne savais pas comment m’en servir, comment m’exprimer dessus alors qu’il s’agissait du premier réseau social qui mettait en valeur les photos justement. Mais à l’inverse de Facebook, je ne savais pas comment exprimer mon univers avec plus de profondeur qu’à travers une image. Oui, déjà à l’époque, la photo ne me suffisait plus. Puis, d’année en année j’ai réussi à trouver mes marques. Les choses se sont vraiment débloquées 3 ans plus tard. J’ai compris comment faire des storys et m’en amuser. J’ai compris comment créer des post pertinents, par exemple en ajoutant des textes à mes photographies. À l’époque je pouvais me réjouir des réactions sous mes post comme en message privé. Je me réjouissais également des interactions que j’avais presque immédiatement avec mes abonnés quand je partagerais une story. En somme, Instagram avait pris le relais et m’offrait la possibilité de communiquer et donc, de me stimuler (stimuler mes idées, mes réflexions entre autres) et de créer un lien. 

Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Stimulation ? Ou distraction ?

Il est clair que depuis 2020, le climat a bien changé sur Instagram. Je pointe beaucoup du doigt cette année mais pour une raison évidente : Elle a causé notre mort. Je ne parle pas de morts physiques même si cela a effectivement été le cas à cause du virus qui, je trouve, à bon dos, sur tout ce qui nous arrive dans notre société. Je parle cette fois-ci d’une mort psychique. Une absence de réjouissance et d’enthousiasme. Et comme pour duper cette mort, nous nous jetons sur l’application pour pouvoir ressentir un semblant d’intérêt, intérêt que l’on sélectionne ou qu’on pense sélectionner, puisque l’application fait en sorte de nous montrer ce qu’elle a décidé de montrer : Les comptes qui ont le plus de vues ou de réactions (les vidéos d’animaux rigolos, les dramas, les divertissements et tout contenu qui ne nécessite pas trop de réflexion). Ce qui nous laisse pour beaucoup, artistes ou utilisateurs lambda, sur le carreau. La majorité des utilisateurs d’Instagram deviennent de plus en plus invisibles, et là où facebook nous donnait la sensation d’exister, Instagram lui, nous transforme en fantôme, ce qui entraîne un désenchantement qui pèse sur notre moral et agite notre égo.

Evidemment, je parle en connaissance de cause. Je relève ce manque d’enthousiasme depuis plus d’un an, un phénomène qui, par ailleurs, s’intensifie durant l’hiver. La fatigue appuie elle aussi sur notre moral et celle-ci prend davantage d’ampleur à mesure que nous tentons de nous distraire en regardant des images, des stimulis. Nous n’avons déjà pas beaucoup d’énergie, et sans nous en rendre compte, nous puisons dans ce qu’il nous reste en donnant de l’attention à ce qui, honnêtement, ne nous apporte rien de concret. 

Nous sommes devenus passifs. Nous donnons de notre attention jusqu’à nous vider et inévitablement, nous sommes déprimés. Nous pensons y trouver ce qui nous manque, mais c’est une illusion. Instagram ne sauvera pas l’enthousiasme, il n’y a que nous seul qui pouvons le faire, le décider

Je suis déçue de ce qui se passe sur Instagram, mais ne m’y accroche plus, même si cela me laisse un goût amer. Je regrette que la majorité de mes abonnés ne prennent plus le temps de me lire. Je regrette que la majorité de mes contacts ne laissent plus de messages encourageants. Je regrette que la majorité de mes contacts ne likent plus mes post et mes réels (vidéos). Je regrette que la majorité de mes contacts ne participent plus à mes sondages. Je regrette que la majorité de mes contacts ne réagissent plus à mes storys. Oui la liste est longue et m’a même fait croire qu’on ne s’intéressait tout simplement plus à ce que je partageais, et donc qu’on ne s’intéressait plus à moi, et ça, ça blesse l’égo.

Mon égo, qui s’est laissée entraîner dans cette illusion comme quoi Instagram me donnait de l’importance. Mais c’était une importance factice, alimentée durant des années par un manque de confiance mais surtout, d’amour propre qu’aujourd’hui j’ai sû me redonner. 

Quoi qu’il en soit ce n’est pas dramatique et heureusement. L’important aujourd’hui, est de prendre du recul sur ce que cette application peut nous offrir. En effet cela reste un outil de communication non négligeable, peu importe les réactions.

Mon nombre d’abonnés continue de grandir très doucement, et cela me convient. Et même si j’ai trop souvent la sensation de communiquer avec des fantômes, je n’ai pas envie de partir de l’application. C’est un outil qu’il m’est nécessaire d’utiliser pour évoluer, puisque mon canal préféré sera toujours la communication. Avant par la photographie, aujourd’hui par l’écriture.

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