Le passage (partie 1)

Cela a commencé en 2020, comme un bon nombre d’entre nous. Alors que la fin s’annonçait pour le 12.12.2012, ce n’est que 8 ans plus tard que le compte à rebours à commencé. 

La mort n’est-elle que physique ? Scientifiquement elle désigne l’absence de vie biologique, spirituellement elle désigne la fin d’un cycle. La mort n’est pas une notion qui me fait peur, plus maintenant. Comme je l’ai déjà expliqué, la mort n’est qu’un passage. Et je pense que, bien que je n’ai pas attrapé le virus qui a semé tant de chaos, je suis tombée malade. J’ai ressenti les premiers symptômes de ce qui causera ma mort deux ans plus tard. 

C’est arrivé quand mon cœur a saigné quelques mois auparavant, lorsque je me suis confrontée à une trahison. Cela a été un coup dur, un véritable choc. Sans le savoir, je me prenais en pleine poire la première vague de cette tempête. Je me suis relevée, j’ai encaissé, car après tout je suis une bonne nageuse. Pourtant, dès lors où cela a commencé, je n’ai fait que nager à contre courant. J’ai travaillé ma résistance, j’ai prouvé ma bravoure, mais inévitablement, je me suis épuisée.

En Mars 2020 le temps s’est arrêté sur le monde. Je pense que comme moi, cela vous rappelle quelques souvenirs particuliers. Ce que je retiens le plus, c’est le plaisir de profiter des journées, de faire ce que je voulais sans craindre le moindre jugement, sans culpabiliser. En effet, c’est une pensée limitante qui m’a suivi longtemps durant mes années d’entrepreneur indépendant. Avant 2020, je ne me faisais pas de cadeau. Peu importe si j’avais des commandes ou non, je devais faire des choses utiles pour mon entreprise ou pour mes projets artistiques. Je ne me laissais que peu de répit, j’étais toujours dans le “faire”. Mais lorsque l’horloge n’avait plus autant d’importance pour un grand nombre d’entre nous (pardonnez ma maladresse si ce n’était pas votre cas) j’ai  réalisé que ce n’était pas mal de profiter. Ce n’était pas mal d’occuper mes journées à faire autre chose que de travailler. Alors j’ai mis de côté mes pensées limitantes et je me suis librement exprimée. J’ai d’abord partagé 5 jours par semaine sur Instagram, mes entraînements de musculations sous forme d’humour, parce que j’avais à cœur de donner un peu de joie durant cette période particulière. Je me suis reconnectée au plaisir de la peinture, en refaisant des aquarelles, et grâce à cela j’ai progressé. J’ai écrit un peu, j’ai joué à des jeux vidéos et quand le soleil venait éclairer mon salon, je m’installais sous ses rayons pour profiter du mieux que je le pouvais, puisque je vis en appartement et que le confinement était strict. Ce changement d’état d’esprit m’a redonné le sourire, même si l’actualité se voulait pesante.

Ces deux mois furent longs, mais j’ai su m’adapter à la situation avec gaieté et humour.

Par ailleurs, ce qui a été un véritable tournant dans ma vision artistique, c’est lorsque j’ai compris que je n’avais plus envie de réaliser des mises en scènes photographiques. Auparavant, j’avais travaillé sur 3 shooting en 2018 et 2019 qui abordaient le thème des anges (j’en parlerai prochainement dans la catégorie guérison par l’art). Ces trois projets m’ont demandé beaucoup de ressources, d’investissement qui, un an plus tard, m’ont fait comprendre que je n’avais plus envie d’en faire autant. 

Une nouvelle prise de conscience venait de m’être dévoilée, je n’avais plus besoin de prouver quoi que ce soit. Je voulais prendre du plaisir dans mes projets, me sentir plus libre et les mettre en œuvre d’une façon plus spontanée. J’ai donc laissé mon égo de côté, et j’ai commencé à réfléchir à des séances photos plus lumineuses, colorées et dans un esprit rétro. 

Durant l’été 2020, j’ai eu plaisir à photographier des modèles, les mettre en valeur dans un univers qui me correspondait : la nostalgie. Peut-être étais-je en train de me raccrocher à mon passé, sentant que le vent allait bientôt tourner ?

C’est ce qui arriva un an plus tard.