“Ebla” de E.S Posthumus. J’écoute cette musique et instantanément, les larmes me montent aux yeux. C’est le titre qui accompagne ma première vidéo backstage d’un projet puissant, celui qui marquera la fin de mes mises en scènes photographiques. Je me sens encore très connectée à son énergie, l’énergie qui m’a inspiré la réalisation du thème“Anges”. Pour la première fois à cette époque, je ressentais la nécessité de véhiculer un message qui ne me semblait pas être dicté par mes émotions, mais par quelque chose de plus grand, quelque chose qui me dépasse encore aujourd’hui.
Je reviens en 2018, une année importante pour moi, une année de renouveau, de lumière et de reconnexion avec le ciel. Si vous avez suivi ma transformation spirituelle et physique (à lire dans la seconde catégorie que vous retrouverez sur le site dans les articles “le passage”), j’explique comment mon instinct m’a poussé à prendre soin de moi, en particulier de mon corps, grâce au sport. Je reprenais enfin mon pouvoir et allais de l’avant, après des années à panser les blessures que mon deuil m’avait causé. Libérée du poids de mes maux, allégeant ainsi mon corps et mon esprit, j’avais la possibilité de faire entrer de nouvelles idées. Néanmoins, je ne pensais pas que je porterais mon intérêt vers ceux qui, en y réfléchissant, me fascinent depuis toujours : Les anges.
Le message et son énergie.
Être connecté à soi, c’est également être connecté au monde, puisque l’un se reflète dans l’autre. Toute pensée partagée, tout acte se transforme en onde puis en énergie.
Les êtres humains fabriquent une énergie ressentie dans le collectif. On peut y être réceptif selon sa sensibilité. Ainsi, il n’est pas surprenant que certains événements agissent sur nos états d’âme, souvent d’une manière inconsciente.
À l’heure où je vous écris, cela ne fait que quelques semaines que j’ai réalisé que je captais certains signaux. Voilà pourquoi il est encore trop tôt pour moi de développer le sujet. Tout ce que je peux vous dire, c’est que je peux ressentir le monde qui m’entoure et capter son énergie. Peu importe d’où me viennent ces informations, peut-être s’agit-il d’une ouverture de conscience ? Que vous y croyez ou non, cela ne vous empêchera pas de lire la suite de mon témoignage.
Il y a 5 ans, une image m’est apparue dans mon esprit, suivie d’un message très clair : Nous sommes perdus et les anges ne peuvent rien faire. Cela m’affecte encore aujourd’hui, même si ma vision s’est transformée grâce à mon éveil spirituel. Sachez que je ne suis pas de nature pessimiste. La vie m’a appris que les coups durs sont là pour nous faire grandir et que le soleil revient toujours après la pluie. Le message que j’ai donc capté à ce moment-là est certes pessimiste, mais il m’a été inspiré pour une raison précise : participer à l’ouverture des consciences. Loin de moi l’idée de donner des leçons ou de m’aligner à une quelconque bien pensance. J’étais animée par le besoin de faire réagir et je sentais qu’il était important que je le fasse à ma manière et d’une façon, certes, suggestive mais non moins théâtrale. N’est-ce pas en cela que l’art tient son importance ?
Dernier silence / Temps Conté
Pour réaliser l’image qui se cognait à ma conscience, j’ai fait appel à ma petite équipe que j’avais la chance d’avoir depuis quelques années. Je mesure cette chance et suis reconnaissante vis-à-vis de ceux qui m’ont suivi dans mes aventures. En effet je partais dans un projet qui nécessitait une réflexion particulière dans le choix des accessoires et dans la manière que je les mettrais en scène selon mon budget. Bien que j’ai toujours investi dans mes projets artistiques, j’avoue n’avoir que de modestes moyens. Les grands photographes comme David Lachapelle, Pierre et Gilles ou même Le Turk, ces artistes spécialisés dans la mise en scène, n’ont pas de difficultés de budget pour produire leurs œuvres. Mais je sais que, comme moi, ils ont commencé avec peu. Je n’avais pas de problème avec ça, au contraire. Construire un décor ,avec ce que je trouvais, était un challenge que j’acceptais avec plaisir. J’étais véritablement animée par mon idée, ancrée dans mon projet, ce bébé que je voulais montrer au public. Alors, il m’a fallu être maligne : Dans “Dernier silence et Temps conté” j’avais imaginé des corps inanimés et noircis qui reposent sur un nid de serpents noirs. Au dessus d’eux se trouve un ange qui regarde le ciel d’un air inquiet tandis qu’il porte dans ses bras une femme qui est en train de mourir.
Où trouver des serpents ? Des faux bien sûr, car j’avais beau travailler sur le thème des anges, je gardais quand même les pieds sur terre . Un faux serpent coûtait déjà une petite somme, alors imaginez la quantité qu’il m’aurait fallu pour remplir toute la partie où se trouve les corps…Et finalement, l’importance dans cette idée de serpent était l’impression de cordes noires qui s’agrippait aux humains. Alors, j’ai compris ce que je pouvais faire pour donner cette illusion. Je suis allée dans diverses déchèteries et j’ai récupéré des fils de branchement (rallonges, fils d’aspirateurs). Ces câbles ajoutés aux quelques faux serpents ont bien fait le travail. Je devais également donner l’impression de noirceur et pour cela je ne pouvais mettre mes humains sur de l’herbe bien vertes. J’ai donc pensé à mettre un tissus en velours noir, car c’est une matière qui absorbe la lumière, seulement il devait être particulièrement grand pour pouvoir recouvrir tout le bas de ma composition. Heureusement pour moi, j’ai pu emprunter un rideau de théâtre grâce à un contact.
Pour donner un aspect luisant et sale à mes humains, j’ai demandé les conseils de mon amie maquilleuse Sophie Moutier (qui se trouve au premier plan de la photo, allongée horizontalement par rapport aux autres figurants). Celle-ci m’a proposé de mélanger du charbon en poudre à de la glycérine végétale. Une fois étalée sur la peau, cela rendait comme je le souhaitais, même si par la suite, cela a été un peu compliqué pour les modèles d’enlever cette mixture. Je remonte mon regard et le pose à présent sur l’élément central de cette photographie : l’ange.
Parfaitement incarné par Sébastien, je voulais qu’il porte des ailes dignes du symbole qu’il représentait. Il était hors de question que j’achète des ailes de déguisements en carton pour ça. Et c’est dans la réalisation de celles-ci que j’ai fait flamber mon budget. Toutefois, cela valait le coût, d’autant que cela m’a poussé à mettre en scène d’autres idées, d’autres shootings qui constituent ce projet Anges, afin de rentabiliser cette dépense. J’ai donc demandé à une consœur artiste d’exprimer son talent en créant des ailes en papiers mâchées. Marie, artiste de ma région, créer des personnages en papiers mâchés qu’elle vend sur internet (demeure d’autrefois sur Instagram et Facebook). Je lui ai proposé mon projet et elle a accepté ma commande avec plaisir. Je ne sais pas combien d’heure a t-elle passée sur ces ailes, mais entre le temps de séchage de la colle et l’ajout des plumes sur toute la surface cela a pris plusieurs semaines. Marie a subtilement intégré les ailes à un sac à dos, ainsi, Sébastien pouvait les porter facilement, je n’avais qu’à effacer les anses en post traitement.
Interprétations
Je peux une fois encore témoigner de la puissance de mon intuition qui savait comment je pouvais exprimer mon message. Et je trouve cela fascinant. L’expression artistique est un sujet qui m’anime passionnément tant je le trouve surprenant. L’intuition possède une intelligence bien à elle que j’adore analyser. Je pourrais passer des heures à décortiquer le travail artistique de quelqu’un, même si aujourd’hui je décide d’approfondir mon apprentissage en me basant sur mon propre travail puisque c’est mon introspection.
Mes photos me surprennent encore, car je ne peux m’empêcher de me demander ce qui m’est passé par la tête il y a 5 ans. Comme je le disais plus haut, pour une fois il ne s’agissait pas exactement de moi mais plutôt du collectif et de mes ressenties vis à vis du monde. Pourquoi cette image ? Pourquoi entendais-je dans ma tête cette phrase “les anges sont las de nous veiller, nous laissent comme un monde avorté” comme le chante si bien Mylène Farmer dans son morceau “rêver” ? Quoi qu’il en soit j’ai un souvenir particulier de cette journée de shooting incroyable car il s’est passé quelque chose d’étonnant. Alors que la météo était plus que mitigée en ce début de Mars 2018 avec des averses, je craignais de devoir reporter ma séance photo mais cela n’arrangeait personne. Les ailes en papiers mâchés étaient fragiles et la pluie les aurait abimées. J’étais nerveuse durant toute la préparation jusqu’au moment où nous avons posé les ailes sur les épaules de Sébastien. À ce moment là, un rayon de soleil est venu nous éclairer et les nuages ont commencé à partir. C’est à partir de là que je me suis réellement sentie protégée.
Finalement, crois qu’après toutes ces années à devoir m’occuper de moi en soignant mes blessures, je pouvais à nouveau porter mon attention vers l’extérieur. J’ai regardé le monde avec mes nouveaux yeux, alors que j’avais raté son évolution. Et ce que j’ai vu m’a troublé. Certes, “aide toi, et le ciel t’aidera”, mais le ciel n’aide pas ceux qui sont aveugles, ils ne peuvent rien faire. Le ciel n’est qu’un nuage pour ceux qui ne veulent constater ce qu’il y a derrière un écran de fumée. Un an après ma première composition sur le thème anges, la cathédrale notre dame brûlait. Nous n’avons toujours pas la vérité sur cette histoire, mais mon cœur a toujours su que ce n’était certainement pas un hasard.
Lorsque j’ai imaginé ces corps morts sur cette terre infertiles et sales, je les voyais enroulés par les serpents noirs. Savez-vous que le serpent est (parmi ses nombreux symboles) celui de la santé ? Plus précisément il s’agit de la guérison, je pense notamment à la caducée pour les pharmaciens. Pourtant, les humains sur ma photo sont inanimés. Ces serpents sont-ils réellement des serpents ? Je les avais imaginé noirs, c’était une condition que je ne pouvais négocier, mais pourquoi ? Je crois que je l’ai toujours sû mais je n’osais pas l’avouer. On m’aurait jugé c’est certain, mais aujourd’hui j’ai envie de porter ma voix, peu importe ce qu’on m’en dira. Les serpents sont bel et bien des câbles. Alors oui, mon message inconscient était que je trouvais (que je trouve) qu’à force de nous préoccuper de l’évolution technologique, nous ne nous préoccupons pas de l’essentiel : Nous même. Et plus nous nous connectons à cette puissante et étourdissante technologie de l’information rapide, plus nous nous déconnectons de notre cœur. Alors c’est le scénario du déséquilibre que j’ai vu, la chute.
“Dernier Silence” est l’ultime fois où les anges ne pouvaient répondre à l’appel muet de l’homme. Mais depuis 2020 les consciences ont changé et je suis certaine que l’homme finira par s’aider lui-même en comprenant qu’il possède ses propres ailes qui n’attendent que lui pour voler.
Ci-dessous, la vidéo backstage réalisée par Simon Lecomte.
Une réponse