Le message du chien

Le message du chien

Et après ? 

Alors qu’une partie de moi venait de mourir, il m’a fallu un certain temps avant de me reconnecter à mon être créatif. Je me souviens de ces journées sans heures et sans but, auxquelles je ne faisais qu’un avec mon lit. Je le quittais pour prendre soin de mon corps (manger, boire, me laver etc.) mais toujours après, j’y revenais,  pour simplement m’y asseoir et ne rien faire. Il était devenu mon socle. 

Pourtant, la vie ne m’avait pas complètement abandonnée, puisque je ressentais même enfermée, l’approche du printemps. Le vert sortait des arbres et de la terre, les insectes volant s’étiraient après une longue nuit de sommeil et le soleil brillait un peu plus chaque jour. J’ai toujours été sensible à l’approche des saisons et particulièrement celle du printemps. J’ai alors vécu trois semaines de mort intérieure, avant que Gaia me ramène à elle. 

Je me souviens de cette après-midi là comme si c’était hier. J’étais assise au milieu de mon lit et je me sentais vide. Vide de but, vide de sens, morte. J’ai regardé par la fenêtre, c’était la fin de journée et la lumière commençait tout doucement à décliner, lorsque je reçu cet inespéré coup de pied au derrière. J’ai pris mon appareil photo et enfin, après cette longue nuit hivernale, je me suis reconnectée à ma propre nature et j’ai commencé à tisser ma toile. 

Dès lors où j’ai ressenti le besoin d’extraire mon mal être, je me suis férocement agrippée à mon appareil photo. Je ressentais la présence de Clément qui me chuchotait à l’oreille que je devais me battre en utilisant mes propres outils. Aujourd’hui, j’aurais tendance à penser qu’il s’agissait de ma voix intérieure, de mon âme qui m’indiquait la démarche à suivre. 

Je me suis laissée porter par elle très facilement, puisque je n’attendais plus grand chose de la vie et de ce qu’elle envisageait de moi. Toutefois, je ne pouvais qu’admettre que temps que nous ne sommes pas mort, nous sommes en vie, ce qui ne me donnait guère le choix. Je devais me battre. Une existence de souffrance est pire que la mort, c’est une prison. 

À la fin du printemps j’ai ressenti le besoin de me rapprocher des animaux. J’allais régulièrement à la SPA puisque j’étais bénévole, pour passer un moment avec les chats. Mais surtout, j’avais envie de tisser des liens avec les chiens. N’ayant jamais eu la chance d’en avoir je ne me sentais pas de les promener, mais j’allais les voir, ceux qui restaient enfermés dans leur box en attendant leur promenade. Je ne savais pas comment me rapprocher d’eux, jusqu’à ce qu’un projet photographique se manifeste dans ma boîte à idées. J’ai alors commencé une série de portrait de modèles, accompagnées de chiens de différentes races : Dalmatien, spitz, husky, basset. Non seulement j’étais inspirée, mais en plus je prenais beaucoup de plaisir (j’ai le souvenir de nombreuses franches rigolades avec les chiens qui faisaient n’importe quoi). Mes modèles jouaient mon rôle bien que je n’en avais pas encore conscience. 

Sur ces photos le chien m’accompagnait avec amour, me montrait un chemin, me ramenait à mon instinct. Et en vérité je n’étais pas complètement passée à côté de ma conscience. Quelques mois après le décès de Clément, j’avais décidé de voir un psychanalyste. Celui-ci m’a d’ailleurs beaucoup inspiré pour un autre projet artistique, dont je vous parlerai plus tard. Monsieur D (je préfère garder son identité) m’avait subtilement fait comprendre le message que je m’étais moi-même adressée à travers l’un de mes clichés. Sur cette photo on y voit ma modèle dans une magnifique robe gothique romantique qui tient une lanterne et se dirige vers la droite du cadre, c’est-à-dire le futur. Elle tient dans son autre main la laisse qui est attachée à un chien qui porte les mêmes couleurs qu’elle et qui la retient vers le passé. J’avais donc un choix à faire, et j’ai décidé d’aller vers la lumière.

Filo et Blanche, 2012.

La transformation avait commencé et je m’apprêtais à entrer dans le processus de guérison : mon deuil.

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6 réponses

  1. Moi les photos avec les chiens je les aiment beaucoup puisque j en ai mis 2 dans la chambre d amis et j adore les regarder

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