Quelques mois après la première série de photos sur mon thème Anges, je me suis remise au travail en organisant un nouveau shooting qui me tenait à cœur, celui qui rendait hommage à l’archange Michel. Je ne saurais dire la raison exacte qui m’a fait choisir cet ange, même si je pense avoir une idée. J’ai toujours aimé le prénom Michel pour diverses raisons et c’est d’ailleurs celui que porte mon chat que j’aime imaginé comme étant un ange de par sa force et sa beauté (oui, je suis un peu barrée). Mais j’en reviens à notre Saint Michel, gardien et protecteur des hommes. En faisant des recherches je suis tombée sur les tableaux les plus célèbres qui le représentent en train de terrasser le “dragon” ou “le démon” selon la légende.
Le mythe du combat entre Saint Michel et le démon
La légende raconte qu’il aurait combattu durant la guerre de l’apocalypse (dans la bible), Satan qui aurait pris l’apparence d’un dragon (certains tableaux représentent ce dragon). C’est donc une scène très symbolique puisque l’archange a gagné contre les forces du mal, véhiculant ainsi l’idée que le bien triomphe.
Mais peut-on considérer que le bien triomphe toujours ? J’ose répondre à cette question en disant que tout est une question de foi et c’est en cela que les symboles sont importants. Je sais que je marche sur des œufs en partageant cette idée et vous aurez raison de me contredire. La vie sur terre est compliquée et nous ne pouvons considérer les choses comme étant noires ou blanches. Moi même j’ai appris à nuancer car cela me semble bien plus juste que des avis tranchés. Mais la question que je ne cesse de me poser depuis que j’ai travaillé sur mon thème c’est : Où en sont les humains vis à vis de leur croyance ? Ont-ils de l’espoir ?
Comme je l’avais raconté à travers mon premier shooting (voir article Anges partie 1) j’avais envie d’exprimer mon amertume quant au délaissement du symbole que représente les anges. Aussi curieux que cela puisse paraître, je ne suis pas catholique. Je préfère me détacher des dogmes et de tout ce qui m’enfermerait dans une case. Voilà pourquoi je me sens toujours un peu mal à l’aise quand on me demande ce en quoi je crois. Dire à un religieux que je suis croyante mais que je ne crois pas spécifiquement en les religions reconnues c’est considérer que je m’invente une foi. Pourtant je crois, oui. Je crois à la lumière, je crois au cheminement terrestre, à l’incarnation, je crois à l’évolution spirituelle, je crois aux énergies, je crois à l’invisible, je crois aux anges et surtout, je crois en l’humain. Pour moi le pouvoir le plus grand que nous pouvons ressentir est celui que nous avons déjà en nous. C’est ainsi que ma foi s’exprime. Pourtant, j’ai besoin de me sentir soutenue et parfois je ne trouve pas ce soutien autour de moi. Alors je me connecte à une aide qui a du sens pour moi et avec lequel je me sens proche, celle des anges. Les avoir dans mon cœur m’aide à avancer.
Malgré tout je le sais, les symboles religieux ont perdu de leur force car ils transmettent des idéologies que de nombreux hommes rejettent aujourd’hui. Comme je le disais, je comprends cela. Mais alors à quoi pourrions nous nous rattacher ? Et dans ce cas, que vont devenir ces symboles ? Cela peut vous sembler étrange comme question, pourtant c’est avec un regard compassionné que j’ai décidé d’exprimer l’interprétation que je me suis faite de la fin de la raison, la fin du symbole du bien et du mal.
Interprétations
Puisque je voulais exprimer le délaissement du symbole que représentent les anges pour les hommes, j’ai tout de suite pensé aux statues.
Il n’est pas rare de trouver dans des parcs ou sur la place des grandes villes, des statues que nous ne regardons même plus. Fabriquées pour être figées, celles-ci restent fières et semblent imperturbables. Pourtant, j’ai eu envie d’apporter un regard bien particulier à celles-ci. J’ai donc imaginé Saint Michel et le démon transformés en statues malgré eux, au milieu d’une forêt comme si plus personne ne leur prêtait attention. Ainsi abandonnés, la nature se charge de les recouvrir jusqu’à ce qu’on les oublie complètement.
Afin d’apporter ma petite touche personnelle, j’ai décidé que mon archange Michel serait une femme, même si au final je préfère qu’on la considère comme androgyne. Non moi l’idée de faire passer un message féministe à travers mon choix, la vérité c’était que j’ai tout de suite vue Sophie dans ce rôle, peu importe son genre. Lumineuse, combattante et en quête de justice, elle était le modèle parfait à mes yeux. J’étais aussi ravie de la voir se transformer en statue grâce au maquillage d’Alexandra Moulié, son amie et collègue professionnelle du maquillage spécialisée dans les effets spéciaux. Je souhaitais qu’elle peigne le corps de Sophie pour lui donner une apparence de statue en y ajoutant à quelques endroits des traces de vert de gris que personnellement je trouve magnifique. Cette même couleur recouvre la tenue qu’elle porte créée par Jimmy Leroux, costumier.
Mon ange tient dans ses mains une pic en forme de croix qui a été fabriqué par mes assistants Alexis Garsault et Anne-Sophie Legendre. Cet accessoire était important car il s’agit de l’arme qu’on retrouve sur la plupart des représentations de cette scène entre Saint Michel et le démon. Pour finir, j’ai bien évidemment réutilisé la paire d’ailes qui a servi pour mon premier shooting ange avec toutefois quelques modifications (quelques plumes blanches remplacées par des plumes couleur vert de gris).
Et le démon ? Il se trouve aux pieds de Saint Michel comme sur les peintures, mais pour ma part j’avais envie que celui-ci soit plus humanisé. Comme je l’avais exprimé, je préfère nuancer la notion du bien et du mal et puisque celle-ci perd en force avec le temps. Je trouvais cela judicieux d’enlever un peu du mythe du diable dans son apparence. Le démon est un peu humain, tout comme l’ange. Et puis vous imaginez bien qu’il aurait été compliqué de transformer mon modèle en dragon … (certes j’aurais pu faire un montage mais ce n’est pas ma manière de faire). C’est donc Loris qui s’est prêté au jeu et s’est vu transformé en “la bête” pour la création de cette image. Mes maquilleuses ont recouvert Loris d’une poudre charbonneuse pour le rendre plus sale et lui ont fait porter des lentilles de contacts noirs et rouges (qui sont plus visibles dans la vidéo backstages que vous pourrez découvrir à la fin de cet article).
Sur la deuxième image que j’ai intitulée “Luttes oubliées” j’ai souhaité représenter mes deux personnages comme destitués de leur rôle en gisant sur le sol. La pic de Saint Michel s’est brisée et dort entre l’archange et le démon qui finissent par s’unir après des siècles de luttes pour se préparer à leur fin. Abandonnés par les humains, les deux symboles font face à leur destin en se tenant la main.
Clin d’œil : J’ai déposé l’un des serpents qui figurait sur le premier shooting ange, créant une continuité dans l’histoire de mon thème.
Saint Michel est un shooting qui a une place spéciale dans mon cœur. Je suis réellement fière de cette réalisation que je trouve toujours poétique aujourd’hui. Celle-ci immortalise l’une de mes interrogations quant à l’évolution des croyances humaines que j’avais commencé à aborder dans Anges partie 1 : Les humains en abandonnant leurs croyances religieuses mettent-ils fin à la notion du bien et du mal ? Question à laquelle je ne peux répondre mais que j’ai trouvé intéressante à force de constater l’évolution de notre monde.
Peu importe comment cela va changer, j’ai décidé d’y voir de l’amour et la fraternité, des valeurs qui se retrouvent dans le cœur des hommes.
Et moi dans tout ça ? Vous le savez, toutes mes mises en scène ont pour moteur un besoin de transformer quelque chose en moi. Et si au final il ne s’agissait pas aussi de la mort de mes propres croyances religieuses à ce moment-là ? Je répondrai à cette question dans la prochaine et dernière partie de ma série Anges.
J’ai plaisir de vous partager la vidéo backstage de Saint Michel, réalisé par Alexis Garsault et Anne-Sophie Legendr